De jeunes élèves un peu stupides {libre}

Evan frappa trois petits coups secs contre la porte qui se trouvait juste devant lui. Celle-ci s’ouvrit, révélant un homme assez grand, les cheveux noirs graisseux et un long nez crochu, vêtu tout de noir. Celui-ci eut un léger sourire, si léger qu’on eut dit un rictus.
- "Worcester., dit-il comme une évidence, en laissant traîner la fin du nom.
- Professeur, répondit Evan. Vous aviez demandé à me voir ?
- Effectivement. Entrez Worcester."
Le professeur Rogue s’effaça pour laisser le jeune homme pénétrer dans son bureau. Evan y était déjà venu mais ne pouvait s’empêcher de remarquer les centaines de bocaux contenant des choses non identifiées qui tapissaient les murs couverts d’étagères de la grande pièce sombre. Seules quelques chandelles étaient allumées jour et nuit pour éclairer légèrement la pièce. Le professeur fit signe à Evan de s’installer sur une des chaises qui se trouvaient devant le bureau en bois sombre lui aussi, tandis qu’il s’asseyait derrière celui-ci. Evan s’exécuta et attendit que Rogue commence à parler. Il avait été convoqué dès le matin alors qu’il se rendait à la grande salle pour prendre son petit déjeuner. C’était le professeur McGonagall, qui enseignait la métamorphose à Poudlard qui était venu le prévenir. « Le professeur Rogue vous veut dans son bureau immédiatement », avait-elle dit d’un ton sec, sans doute assez vexée de faire le hibou. Evan avait acquiescé et prit la direction du bureau de son directeur de maison. La plupart des autres élèves auraient été angoissés d’être convoqués chez Rogue de bon matin mais Evan savait qu’il ne risquait rien. Un excellent élève, appartenant à la maison Serpentard et membre de l’équipe de Quidditch qui plus est, ne pouvait faire que la fierté du professeur, si craint des autres sorciers.
Evan fut tout à coup sorti de ses pensées par le professeur qui avait commencé à parler.
- "Savez-vous pourquoi vous êtes là Worcester ?
- Je ne pense pas avoir de problèmes, professeur, mais le professeur McGonagall semblait agacée de devoir vous faire office d’intermédiaire. Je présume que vous vouliez me parler de ma nomination en tant que capitaine de l’équipe de Quidditch…"
Un nouveau rictus étira les lèvres fines du maître des potions. Il est vrai que demander au professeur de métamorphose d’envoyer Evan dans son bureau si tôt le matin n’était pas très délicat, mais qu’est-ce que cela pouvait-il lui faire ?
- "Oui, Worcester, c’est cela. J’ai insisté pour votre nomination. Vous ne m’avez jamais déçu au cours de ces six années que vous avez passé ici. Je dois même dire que vous être sans doute le meilleur élève depuis l’illustre Salazar Serpentard. Je compte donc sur vous pour faire gagner la coupe de Quidditch à Serpentard cette année. Voila trop longtemps que Gryffondor nous mène la vie dure et les anciens capitaines d’équipes n’étaient pas assez doués. Pas de remerciement, ce n’est pas un cadeau que je vous fais. Ne me décevez pas Worcester.
- Professeur, je serais digne de votre confiance", répondit sobrement Evan.
Il partageait l’avis du professeur, il était temps que Serpentard reprenne la place qui lui était due.
- "Est-ce tout professeur ?
- Une dernière chose seulement. Aucune place n’est assurée à part la vôtre. Faites repasser les sélections de tout le monde et ne prenez que les meilleurs, nous n’avons pas besoin d’une bande d’incapables. Si vous avez besoin d’un créneau pour les sélections, je me ferais un…plaisir (il mit l’accent sur ce mot) de vous faire un mot."
Evan acquiesça d’un léger signe de tête et attendit une éventuelle information supplémentaire mais le professeur semblait avoir terminé.
- "Vous pouvez y aller Worcester., dit-il finalement. Hmm… Faites regretter à Villeneuve d’avoir été nommé capitaine."
Evan sourit, d’un sourire plein de sous-entendus et se leva. « Au revoir professeur ». Celui-ci ne répondit pas et le jeune homme franchit la porte. Il se dirigea vers les escaliers, dans l’intention d’aller manger quelque chose avant de commencer son premier cours, qui était celui de Sortilèges. Il portait déjà sa robe de sorcier noire ornée du blason de Serpentard, vert et argent surmonté d’un serpent majestueux et ses cheveux blonds étaient légèrement bouclés.

Laissant ses pensées s’égarer en direction du terrain de Quidditch, il suivit machinalement le couloir qu’il connaissait par cœur. Cette fois, il la gagnerait la coupe de Quidditch. Et pas pour le professeur Rogue en particulier, il le ferait pour lui, pour sa maison, honorer le souvenir glorieux de Salazar Serpentard. Mais pour cela, il aurait besoin d’une bonne équipe. Que disait-il ? D’une excellente équipe ! Des gens légèrement bons ne lui suffiraient pas, il voulait les meilleurs. Il arriva devant l’escalier, qu’il gravit. Il n’y avait personne dans cette partie du château à cette heure-là. Et puis, il fallait avouer que les élèves n’aimaient en général pas spécialement s’aventurer vers les cachots à cause du professeur Rogue justement. Ils avaient peur de lui. Evan émit un léger rire méprisant. Certains sorciers étaient si stupides, si jeunes, si ridicules.

Le jeune homme arriva devant la Grande Salle, elle était bondée. Depuis qu’Hannorth avait fait irruption à Poudlard, c’était un cirque permanent. Et les Américains étaient si prétentieux, ils avaient si peu de classe ! N’ayant pas tellement envie d’affronter tout ce monde, il ne s’arrêta pas et avança vers le grand escalier de marbre qui lui permettrait d’atteindre les nombreux étages supérieurs. Il avait dans l’intention d’aller faire un tour à la bibliothèque avant de monter à la salle de Sortilèges. Ce serait plus calme. Mais, tout à coup, alors qu’il arpentait le hall d’entrée d’un pas décidé, un élève arriva en face de lui, accompagné d’un ami et, riant aux éclats, le bouscula violemment. Evan, surpris, sortit sa baguette immédiatement et fit volte-face pour voir qui venait de le heurter. Mais, sous le choc, ce n’était pas Evan qui avait prit, c’était l’autre élève, beaucoup moins musclé et plus fluet, qui s’était vu catapulté à deux mètres du jeune homme. Celui-ci leva les yeux au ciel. Quand on parlait de jeunes élèves stupides…